L’effet plume … ou la puissance de l’interdépendance

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Cette vidéo est une élégante illustration de ce que j’appelle « l’effet plume ». Dans une organisation, chaque personne a son importance et chaque petite action peut être « la plume » qui maintient le système en mouvement ou le fait s’écrouler en un instant.

Par son art et sa maitrise, cette artiste nous rappelle quelques lois régissant les systèmes complexes: savoir placer les éléments les uns par rapport aux autres, reconnaître et cultiver l’interdépendance, ralentir ses actions pour en observer les conséquences sur l’ensemble. Dans l’entreprise, penser et agir en « effet plume » oblige chaque acteur à situer ses actions dans un cadre d’interdépendance plus grand, à investir son temps dans le ralentissement attentif au lieu de le gaspiller dans l’hyperactivité et à accepter que nous sommes tous tour à tour la plume de l’action d’un autre.

Un exempleUne équipe de 30 managers se rencontre pendant une journée pour optimiser son efficacité collective. Le dirigeant ouvre le séminaire par un discours qui encourage les participants à être réellement créatifs, puis il se retire en position de « présence silencieuse ». Pendant les débats, il observe attentivement le jeu des acteurs ; lors des moments clés, il approuve les idées avec un regard soutenu ; finalement, lors du moment de bascule – la convergence de trente participants vers une nouvelle façon d’organiser les projets -, il valide la proposition en témoignant de sa confiance totale en la décision du groupe.

De l’extérieur, ce dirigeant n’a pas fait « son job de dirigeant » : il n’a ni partagé sa vision, ni a-t-il pris une position phare lors des discussions. Il n’est pas non plus intervenu pour recadrer le déroulement des échanges. En revanche, sa concentration était permanente, son attention était focalisée sur les interactions des membres de son groupe et il évitait toute action précipitée pour laisser la place aux  moments importants.

Comment a-t-on pu observer « l’effet plume » ? Lorsque le dirigeant a quitté la salle pour une demi-heure, l’intensité de la participation s’est quelque peu relâchée, la capacité à écouter l’autre a diminuée et la légèreté générale a fait place à une ambiance plus laborieuse. À son retour, tout a repris comme avant, le groupe ayant seulement été encouragé par un grand sourire du dirigeant et une phrase toute simple : « je suis content d’être de retour ».

Savoir soigner sa présence, observer « l’effet plume » et explorer la possibilité d’être « la plume »… voilà un défi pour toute personne, tout manager, tout dirigeant qui a la volonté d’influencer son organisation autrement.

Exercice pour tout dirigeantQuand avez-vous été « la plume » ? Comment l’avez vous remarqué et comment vous êtes-vous senti ? A quoi devez-vous renoncer pour explorer la position de « la plume » ?
Prenez un moment pour savourer cette vidéo et regardez la jusqu’à la fin. Une bonne occasion de vous entraîner à la patience…

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