La semaine dernière, j’étais tranquillement installée dans un café quand – vacances obligent – cinq jeunes enfants ont soudainement fait irruption dans la salle, accompagnés de leurs parents et grands-parents. L’ambiance du lieu a instantanément changée, les rires des enfants couvrant la douce voix de Francis Cabrel qui enveloppait le café, se mêlant alors harmonieusement aux conversations basses des adultes. Comme souvent en pareille situation, le mouvement de vie créé par les enfants en a enchanté certains… et dérangé d’autres.
Après avoir savouré mon café et, pour ce qui me concerne, cette capacité unique des enfants à créer des moments de rupture, de chaos et de joie, je décide de quitter le café pour vaquer à mes occupations… lorsqu’en refermant la porte, j’entends un des parents dire aux enfants : « Vous voyez, la dame est fâchée ».
Après quelques pas à l’extérieur, je prends petit à petit conscience de l’impact de cette phrase sur moi et les enfants. Non seulement cela ne correspondait pas à mon état intérieur, mais en plus, mon soi-disant état de « dame fâchée » était utilisé par un adulte pour générer une pression sur des enfants, voire pour engendrer chez eux un sentiment de culpabilité.
Coach un jour, coach toujours, je retourne dans le café pour signifier que je n’étais pas du tout fâchée, bien au contraire. Je décide de m’adresser directement aux enfants pour leur dire que j’appréciais leur énergie et qu’il n’y avait aucun problème pour moi. Leurs visages se sont illuminés de joie tandis que les adultes ont répondu par des sourires gênés comme seules les grandes personnes sont capables d’en produire…
Combien de fois quittons-nous une réunion en faisant un commentaire sur l’état d’âme de quelqu’un ?
« Il n’était pas très en forme », « Elle était silencieuse aujourd’hui » … Combien de fois projetons-nous notre propre état émotionnel sur ceux qui nous entourent, phénomène que la neuroscience appelle « contagion émotionnelle » ? Combien de fois, utilisons-nous une troisième personne pour créer une pression sur quelqu’un car nous n’avons pas le courage de partager notre propre perception ? « Ton manager ne vas pas apprécier ces résultats ».
La manière dont nous faisons des commentaires sur les autres laisse toujours une trace, les mots que nous utilisons ont toujours un impact.
Oser utiliser un état d’âme supposé d’une tierce personne, en son absence, pour chercher un effet particulier sur des gens présents est doublement triste : c’est une manière sournoise de créer de la méfiance, de la peur, voire de la violence dans les relations.
Comme chantait Francis Cabrel au moment où il fût interrompu par les enfants :
« Les mots sont comme les parfums qu’on respire ».
Et vous, de quel parfum seront les mots que vous choisirez pour votre entourage cette semaine ?
Bonne semaine à tous
Sabine